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LA MOUCHE SOLITAIRE.

successivement d’un petit dôme qui pût laisser égoutter l’eau.

« Quelle bonne mère, dit Esther, et que les enfants pour qui elle prend tant de précautions doivent l’aimer !

— Ma fille, ce pauvre animal, comme presque tous les insectes, ne connaîtra pas ses petits ; mais, comme il ne leur est pas accordé de veiller sur eux après leur naissance, il cherche d’avance à les préserver de tout danger en leur élevant une demeure solide et bien approvisionnée.

— Comment fera la petite mouche pour sortir de cette maison si bien construite ?

— La mère y a pensé comme toi ; aussi le petit dôme est-il légèrement collé sur la tour. Vois plutôt ! il suffit du moindre effort pour l’en détacher.

— Après avoir achevé son nid, où dormira cette pauvre mouche qui ne doit jamais voir ses petits ?

— Elle se mettra dans quelque trou où elle restera engourdie jusqu’au printemps ; mais il y a beaucoup de chances pour qu’elle devienne la proie d’un ennemi, ou bien encore elle peut mourir de vieillesse.

— Ainsi, grand’mère, les pauvres petites mouches n’auront point de mère pour les caresser à leur naissance et les garantir du froid pendant la nuit ?