Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/173

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
LA MOUCHE SOLITAIRE.

— A-t-elle mis bien longtemps à faire les quatre nids ?

— Non ; elle les a commencés hier seulement. »

La mouche arrive et se promène sur le nid en construction, le maçonnant avec le sable fin et la terre qu’elle vient d’apporter. Quand sa petite provision fut épuisée, elle en alla chercher d’autre jusqu’à l’entier achèvement de la tour. Ensuite elle entra successivement dans les quatre qu’elle polit intérieurement, après s’être assurée qu’elles n’avaient aucune fissure.

« Tiens ! dit Esther, la voilà qui entre à reculons dans la tour !

— C’est qu’elle y va pondre ses œufs. »

La ponte achevée, l’insecte s’envole de nouveau et revient bientôt tenant une toute petite chenille verte qu’elle colle contre la paroi intérieure du nid. Elle en met quatre dans chacun.

« Et que veut-elle faire de ces petits animaux, bonne maman ?

— Ils doivent servir de pâture à la larve qui naîtra de l’œuf occupant le nid.

— Mais, grand’mère, ces œufs seront bien mal garantis dans ces nids tout ouverts ?

— Patience, mon enfant ; la mère prévoyante y saura mettre bon ordre. »

En effet, la mouche revint bientôt avec les matériaux nécessaires à clore les nids. Elle les couvrit