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LES FORFICULES.

— Qui donc a pu te faire de semblables contes, ma pauvre Élina ? Sache donc que le perce-oreille ne perce rien du tout. Son véritable nom est forficule, et il ne cherche point à s’introduire dans l’oreille ; quand par hasard la chose arrive, il ne peut en résulter qu’une incommodité locale, l’oreille n’ayant aucune communication avec la cervelle parfaitement enfermée dans la boîte osseuse de la tête qu’on appelle le crâne.

— Pourquoi donc, alors, avoir donné à ce petit animal le nom si effrayant de perce-oreille ?

— Sans doute à cause des pinces qu’il porte à l’extrémité de son corps, et qui lui ont valu le nom bien mieux approprié de forficule (petites pinces) ; mais ces pinces sont tout à fait impuissantes à percer quoi que ce soit.

— Enfin, maman, vous conviendrez avec moi que c’est une affreuse bête ?

— Mais non, mon enfant, je n’en conviendrai pas du tout ! C’est la peur que l’on t’a faite de ce petit animal qui t’inspire cette aversion que rien ne motive réellement. D’abord, cette affreuse bête est inoffensive : elle semble même avoir l’instinct plus développé que les autres insectes ; car, au lieu d’abandonner comme eux ses œufs quand elle les a pondus, elle les couve en quelque sorte. »

En parlant ainsi, la mère d’Élina s’était rap-