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LES AVENTURES D’UNE FOURMI.

et devint la proie de cette cruelle larve de libellule si friande de notre chair.

Cet accident me causa un tel désespoir que, dans le premier moment, je voulus me précipiter après ma bien-aimée pour partager son sort. Qu’allais-je faire en ce monde, privée de la seule affection qui m’attachât à la vie ! L’espoir de retrouver ma chère patrie qui m’avait soutenue pendant si longtemps était maintenant évanoui. Que devenir, seule sur la terre ! Mais à l’instant de consommer le sacrifice, l’instinct de la conservation que chaque animal porte en soi se réveilla, et je retournai au pêcher que nous venions de quitter. Depuis huit jours je m’a brite chaque nuit dans une fente de la muraille ; mais c’est en vain que je promène ma langueur aux rayons du soleil : rien ne saurait ranimer la vie qui s’éteint en moi, et avant de mourir, j’ai voulu laisser mon histoire à la postérité pour sa plus grande instruction.