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LES GUÊPES.

toutes les larves qui peuplent alors les alvéoles. Les mâles et les ouvrières meurent tout naturellement dès les premiers froids.

— Que deviennent donc les femelles ?

— Elles passent l’hiver engourdies au fond de leur nid. Au printemps chacune de celles qui ont échappé aux rigueurs de la rude saison fonde une nouvelle famille, bâtit une nouvelle cité. Cette mère de toutes les autres creuse un trou en terre, comme je vous l’ai déjà dit, et le garnit de quelques cellules où elle dépose ses œufs. Elle seule suffit à nourrir les larves qui en sortent et supporte courageusement toutes les fatigues de cette installation.

— J’espère bien, dit Armande, que cette bonne mère-là ne tue pas ses petits enfants en automne, elle !

— Mon Dieu si, mon enfant ! Sachant bien qu’elles ne trouveront plus de pâture pour leurs larves, ces mères les détruisent avant leur dernière métamorphose.

— Papa, existe-t-il des guêpes ailleurs qu’en France ?

— Oui vraiment, il s’en trouve partout. »

Armande s’intéressa si bien à tout ce qu’elle venait d’observer et d’apprendre, qu’elle pria son père de lui faire connaître les mœurs de quelque autre insecte.