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LES GUÊPES.

Tout en écoutant son père, Armande s’amusait à dédoubler cette épaisse paroi, et la trouvait composée de plusieurs couches de carton laissant du vide entre elles. Son frère en compta jusqu’à quinze.

« Combien ce nid pouvait-il contenir d’habitants ? demanda-t-elle.

— De quatorze à quinze mille, je pense.

— Ah ! mon Dieu ! tant que cela ! comme vous avez bien fait de détruire toutes ces vilaines bêtes qui s’étaient établies si près de notre maison ! elles auraient tout dévoré sur notre table.

— Ma fille, ces vilaines bêtes-là ont grand soin de leurs petits qu’elles nourrissent à la façon des oiseaux, leur donnant de temps en temps la becquée après avoir ramolli dans leur bouche les aliments qu’elles leur présentent.

— Ces larves mettent-elles longtemps à devenir un insecte parfait ?

— Au bout de vingt jours d’existence, le ver clôt sa cellule avec un couvercle de soie qu’il file ; puis il reste enfermé huit à neuf jours à l’état de nymphe ; alors, se débarrassant de ses enveloppes, la guêpe apparaît dans toute sa beauté.

— Mais ce nid si solidement fait doit durer bien longtemps ?

— Eh bien ! non ; il ne sert généralement qu’une seule année. Les insectes qui l’habitent tuent tous les petits qui éclosent après octobre, et arrachent