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LES GUÊPES.

qu’un gâteau est terminé, les ouvrières en commencent un autre immédiatement au-dessous.

— Les jeunes guêpes ont donc dès en naissant la force de travailler ?

— Oui ; leur enfance se passe à l’état de larve. Mais après leur métamorphose, elles se trouvent telles qu’elles resteront toute leur vie. Les mères passent la saison à pondre et à nourrir les larves, et les ouvrières construisent les alvéoles et vont chercher la pâture.

— Et que leur donnent-elles, à tous ? Ces vers que je vois là, morts, dans leurs cellules ?

— Non, car ce sont leurs propres larves ; mais tout leur est bon, à ces guêpes-là ! Souvent elles saisissent les abeilles prêtes à rentrer dans la ruche, les coupent en deux, et emportent la partie qui contient le miel. Elles enlèvent à l’étal de nos bouchers des morceaux de viande souvent plus gros qu’elles ; elles s’introduisent dans les plis du papier qui enveloppe les pains de sucre, et y font beaucoup de dégât, au grand mécontentement des épiciers dont elles ne respectent pas le magasin. Elles commencent toujours par bien se repaître, et emportent ensuite tout ce dont elles peuvent se charger.

— Papa, pourquoi ces gâteaux ne touchent-ils pas la paroi intérieure du nid ?

— Pour ménager à ses habitants le moyen de circuler à l’aise. »