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quatre coins du fort ou je leur commendé de faire des feux, des crys de bucher, et faire toutes les demonstrations d’estre quentité de monde, a l’exception du quatrie. qui pendant ce temps la devoit travailler a dresser nostre battrie, laquelle nous avoit (aurait) esté impossible, la terre estant gelée, sans la lacheté des Anglois qui nous laissoient travailler aussi trenquillement que si nous eussions esté a leurs gages. Ainsi, j’eu tout le temps de faire couper la terre gelée avec des haches, et, l’eau gaignant les travaillant, je la fis egouter, par le moien d’une petite trenchée qui alloit sur le bord de la rivière. En fin le vingt troisieme au matin, la battrie fut toute preste a recevoir le canon, la plateforme estoit faite de bois madriers, a costé desquels j’avois fait dresser de gros pieux, pour y faire, avec des hances poulies qui estoient attachez, guinder le canon. Il estoit dans nostre vaisseau, qui de l’entrée de la rivière ou il estoit entre, ne pouvoit arriver a cause du vent contraire qui continua toute la journée suivante, pendant laquelle mrs. de ste. helenne, maricourt et de la noue harcelerent continuellement les assiegez, avec de petits plotons de fusiliers qui, se glissant parmi les (447 bis) fredoches qui estoient desja grandes et toufuées, tiroient a tout mercie sur ce qu’ils voient paroistre, ainsi qu’ils avoient fait pendant qu’ils travailoient a nostre battrie, sans que les Anglois firent de leur costé autre effort, que de relever leur parapet de la hauteur et l’epaisseur d’un madrier, et de tirer quelques coups de canon qui, estant mal pointés, ne faisoient que brancher des epinettes, par