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d’aller plus de trois lieues au large, pour eviter les battures qui sont fort frequantes en cet endroit, ou si on veut mettre pied a terre de marée basse, il faut porter canots vivres et bagages, plus d’une lieue pour pouvoir y trouver le bois dont on a besoin, que les marées y entresnent, et si c’est a marée haute il faut faire un chemin fort long et très mauvais, pour pouvoir se rembarquer. Je me trouvois assez empesché dans ce voiage, ne sachant pas parfaittement ou estoit le fort, et n’aiant aucuns guide cette fois la qu’un vieil sauvage qui nous faisoit voir q’l n’y entendait rien, le sr. de st. Germain n’aiant jamais esté jusques le, et mon apprehension estoit de nous faire découvrir indiscretement, lorsqu’un samedy au soir cherchant l’embouchure de la rivière Quichichouan, les Anglois de ce (445 bis) fort tirerent suivant leur coustume sept ou huit coups de canon, qui nous firent connoistre par leur tonnaire l’endroit ou il estoit situé. Nous nous arrestames dans le moment et passâmes la nuit dans nos canots, que la marée avoit porté du costé de terre, ou ils estoient echouez. Le matin le froid nous gaignant, nous marchames dans la vase jusques a mi jambe a dessein de chercher du bois sec, dont nous fimes du feu. Ce lieu estoit directement vis a vis, d’une manière d’extropade, avec un siege destiné pour mettre une sentinelle, pour decouvrir. J’en remplis incontinant la place d’un, que je posé, et ayant fait mettre nos armes en estat je donné vingt bons hommes a mr. de ste. helenne, pour aller decouvrir le fort qui est situé dans le recoude d’un bras de rivière, et dont la veue