Page:Caron - Journal de l’expédition du chevalier de Troyes à la baie d’Hudson, en 1686.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 42 —

en sauvage, de laquelle il en sort quelques uns pour venir a la traite. Il y avoit quatorze françois dans cette maison pour la compagnie qui n’eurent pas moins de joie que nous de nostre arrivée, que l’on solemnisa de part et d’autre de plusieurs coups de fusils.

Le dixneufiesme et les deux jours suivans il fist un temps fort facheux. Mrs de ste helenne et d’hyberville l’emploièrent avec mr de St Germain (pour régler) les affaires de la vieille et nouvelle societe des marchandises et peltries qui estoient dans le magasin, où il establit le sr Sibille[1] pour rendre

    rencontrer les sauvages à ce poste et les empêcheraient de se rendre à Montréal et aux Trois-Rivières, pour traiter directement avec les marchands.

    En 1720, M. de Vaudreuil permit au sieur Paul Guillet, un marchand de Montréal, d’entreprendre l’exploitation de ce poste, et d’y faire la traite pour son compte personnel.

    En 1724, le poste de Témiscamingue fut affermé, pour la somme de 6 000 livres, au sieur Fleury de la Gorgendière. Ce montant, d’après les instructions du roi, devait être employé à solder les dépenses des travaux entrepris pour fortifier l’enceinte de Montréal

    Le bail de M. de la Gorgendière fut annulé en 1727.

    Le sieur Paul Guillet et M. Charly, marchand également de Montréal, obtinrent de M. de Beauharnois la permission de continuer de faire la traite dans les limites du Témiscamingue, sous forme de congés, pour lesquels ils payaient annuellement 4 000 livres. Nouvel affermage du poste de Témiscamingue en 1737, au sieur Lanouiller de Boisclerc, grand-voyer du pays.

    En 1747, la ferme du Témiscamingue est cédée au sieur Cugnet, directeur des domaines du roi, qui exploite en même temps les postes de Michipicoton et de Kamanistigoya, sur le lac Supérieur ; les revenus que le sieur Cugnet retirait de ces différents postes étaient consacrés à payer les dettes qu’il avait contractées dans l’exploitation des forges de Saint-Maurice.

    Dans le mémoire qu’il a laissé sur l’état de la Nouvelle-France, à l’époque de la guerre de Sept-Ans (1757) Bougainville dit que le poste de Témiscamingue était appelé, en langue sauvage, « Aubatswenanek », et était surtout fréquenté par les « Têtes-de-Boules », ou gens de terre, par les « Namcosakis » qui venaient des rivages de la baie d’Hudson. Il semble que tout commerce de fourrures, de ce côté, fut définitivement abandonné en 1758.

    Après la conquête, en 1785, quelques traiteurs de la compagnie du Nord-Ouest allèrent établir un nouveau comptoir pour le trafic des pelleteries, à l’endroit appelé aujourd’hui le vieux Fort.

    Ce comptoir, comme tous les autres de la compagnie du Nord-Ouest, fut cédé à la compagnie de la baie d’Hudson, en 1821. Ce poste est abandonné depuis quelques années. Les vieilles résidences sont encore debout, mais il n’y règne plus rien de la belle animation d’autrefois.

  1. Jean Sebille, marchand, baptisé le 28 août 1653 à Blois, en France. Il épousa à Québec, le 24 juin 1690, Marie-Anne Hazeur, et décéda au même endroit, en 1706.