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canots dont plusieurs (413) furent endommagez. Ce jour la, il fallut les retablir (?) et les meilleurs canotteurs furent obligez souvent de descendre, pour aider à cause qu’ils en avoient besoin.

L’unziesme avril, je fus dans mon canot alege aiant avec moy messieurs d’hyberville et de st. germain, pour visiter le chemin, suivy de trois canots et du monde necessaire pour en faire un (chemin) dans un portage de la longueur d’une portée de fusil[1] mais l’aiant trouve assez facile je le (canot) renvoié avec m. d’hyberville, et ordre de faire decamper en diligence pour me venir joindre. Ce qu’ils firent.

Le douziesme, je partis de bon matin avec le P. Silvie et marchâmes une bonne demye lieue, par un tres mauvais chemin au bort de l’eau, par dedans le bois pour eviter les embarquements et debarquements qu’il falloit faire, a cause des glaces fondues, qui tenoient l’espace d’un quart de lieue, dont les fentes estoient si grandes, qu’il fallut faire des ponts pour passer les canots vivres et munitions. Il y en avoit de plus de trois cents pieds de large, sans neantmoins que l’on pust voir l’eau par de si grandes ouvertures, dont la profondeur estoit de plus de vingt pieds. Cela n’empescha pas que tout le monde ne se rendist (413) ou j’estois campé, mais nous eumes deux canots rompus dans le portage sur les glaces, et un homme d’un de ces deux canots passa a la nage nonobstant l’extrémite du froid et vint au camp m’advertir de cet accident, et d’une querelle survenue entre quelques personnes des mêmes canots, qui

  1. Au rapide qui se trouvait autrefois en face de la Chute-à-Blondeau.