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extremement penible, estant obligez dans le chemin de traisner leur bagage, marchand dans la neige fondue jusques aux jambe. Ils furent camper dans l’isle de Carillon , où un gros arbre poury tomba sur un de leurs canots et l’écrasa de sa chutte, ce qui m’obligea, sur l’avis que j’en eu, de commender du monde pour en aller quérir un autre au bout de l’isle.

Le deuxiesme avril je me rendis avec le reste de mon détachement a l’isle de Carillon[1], accompagné du R. P. Silvie qui me joignit ce jour la. Plusieurs de nos gens enfoncerent encore dans la glace mais sans autre accident. Nous vîmes dans la journée plusieurs bendes d’outardes, et trois ou quatre tourtes dont une fut tirée. Il y avoit longtemps que nous y voions des outardes. Le Sr. Lallemand aiant pris hauteur, trouva 45 degrez, 39 minutes.

Le troisiesme jour d’avril, je séjourné à cause de la pluie ; mais aiant gelé toute la nuit je fus camper le 4e. (411 bis) au pied du Long Sault. Je marchais avec une épée amenchée dont je sondois la glace fine qui s’estoit faite la nuit precedente. Le jour commençant un peu a hausser, je me trouvé dans un endroit ou la glace plioit soubz moi dix pas a la ronde. Je marchais cependant en assurance faisant fond sur la grosse glace que je m’imaginais trouver desous, mais l’usage fréquent que je fis de mon epee me fist connaître mon erreur et le danger ou j’estois, qui m’obligea de quitter le canal, ou je marchais connue par le plus court, et de continuer la route le

  1. Ce mot de Carillon est probablement une corruption du nom de Philippe Carrion du Fresnay, qui avait établi un poste de traite sur cette île.