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fimes que deux lieues cette journé, avec beaucoup de travail, estant obligez a faire deux volages[1].

Le lendemain, dernier jour du mois plusieurs de nos gens enfoncerent dans la glace, qui se trouva si mole que cela obligea le Sr. de St Germain a renvoier ses boeufs, qui enfoncèrent de nouveau à vingt pas du camp, avec leurs traînes et furent sauvez par le secours que l’on leur donna. Quelques uns venus depuis du bout de l’isle nous informerent qu’ils s’estoient rendus sains et sauves ou on les avait pris, la glace estant si mauvaise que nos gens enfonçans continuellement, ne firent ce jour la qu’une lieue, estant fort empeschez a se secourir les uns les autres, ce qu’empescha qu’il y eust aucun inconvénient. Je campé dans un anse ou je trouvé le sieur de la forest, capitaine dans les troupes que commande monsieur de la Salle, qui allait aux Illinois avec un équipage de trois canots, tenant notre route jusques au Mattaouan (411)[2]

Le premier avril, je séjourné, tout mon équipage n’aiant pu suivre le jour precedent, me contentant de faire prendre le devant a ceux qui se trouverent en estat de continuer la marche, qu’un degel rendit

  1. Ils durent camper dans les environs de la pointe Como, sur la rive sud du lac des Deux-Montagnes.
  2. On voit par une lettre en date du 14 avril 1686 (Arch. Can., ordres du roi, vol. ii, p. 37½) que le roi avait permis au sieur de la Forest d’aller rencontrer M. de la Salle au fort Saint-Louis des Illinois, avec 12 hommes et des marchandises.

    Le sieur François de la Forest, capitaine d’un détachement de la marine, était le principal lieutenant de la Salle. Commandant du fort Frontenac de 1675 à 1683, il se rend à Paris dans l’automne de 1683, se sépare de la Salle en 1684, revient à Québec dans l’été de 1685, et part pour les Illinois au printemps de 1686. Le 11 novembre 1702, il épouse à Québec Charlotte-Françoise Juchereau de St-Denis, comtesse de St-Laurent. En 1713, il commande à Détroit, mais il revient mourir à Québec en 1714. C’était un vrai coureur des bois.