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« Nous admirons, dit Denonville[1], la fermeté de ces hommes qui y ont bien voulu rester à ce prix-là, toute leur ressource est sur la chasse des outardes dont le passage en automne ne dure que huit jours et au printemps autant. »

D’Iberville dut arriver à Québec dans le courant du mois d’octobre, car le dernier jour de ce mois, M. de Denonville dans une lettre au ministre, annonçait le retour de l’intrépide marin, et ajoutait qu’il le chargeait de passer en France pour « rendre compte lui-même des avantages » que l’on pouvait tirer de la baie d’Hudson[2] et demander un navire dont on se servirait pour le transport des pelleteries emmagasinées dans les postes de la baie.

D’Iberville réussit dans sa mission ; le roi accorda aux associés de la compagnie du Nord un navire, le Soleil d’Afrique[3], qui arriva à Québec, le 3 juin 1688, portant Mgr de Laval, d’Iberville et vingt-cinq hommes de recrue. Le Soleil d’Afrique, commandé par le capitaine Delorme, et ayant à son bord d’Iberville et de Maricourt, repartit aussitôt

  1. Arch. Can., Corr. gén. Canada. Le marquis de Denonville et M. de Champigny à M. de Seignelay 6 novembre 1687. Voir à l’appendice H la partie de la lettre du gouverneur et de l’intendant où sont consignés ces faits.
  2. « Le Sieur d’Iberville étant de retour de la Baie d’Hudson, j’ai cru devoir l’engager à vous aller rendre compte lui-même de tous les avantages que nous en pourrons tirer ; ils me paraissent de telle conséquence, Monseigneur, que vous ne sauriez trop prendre soin de cette compagnie qui périra si elle n’est pas honorée de votre protection. D’Iberville est fort résolu de retourner à la Baie et de donner tous ses soins pour l’établissement de ce commerce qui ne se peut soutenir que par mer, moyennant le navire que nous vous demandons et qu’il faut faire partir de France le quinze Mars, sans quoi il ne pourrait être ici de retour la même année, ce qui ferait un grand tort à la compagnie.

    « Le commerce, Monseigneur, de ce côté là est d’autant plus de conséquence à conserver que si la guerre durait de ce côté ici, tous les sauvages éloignés tourneront tous du côté de la mer, et nous n’aurions plus de castor.

    « D’Iberville Monseigneur, est un très sage garçon entreprenant et qui sait ce qu’il fait, ils sont huit frères, enfans de feu le Moine, tous les mieux élevés de Canada avec les enfants de Leber, leur oncle, qui

  3. C’était le plus fin voilier de l’époque, dit Charlevoix (vol. ii, p. 110), il faisait sept lieues à l’heure.