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tents, et voulaient s’élire un commandant pour les conduire chez les Anglais, à la Nouvelle-York ; de toute la garnison il n’y en eu que trois qui ne voulurent pas être de la partie. La veille que l’expédition devait se faire, un gros parti d’Iroquois se présenta devant le fort, qui de loin firent quelques escarmouches, ils tinrent la garnison en haleine pendant plusieurs jours ; cela fit ralentir leur dessein, et plusieurs tombèrent malades, qui acheva de rompre leur projet »[1].

Afin de compléter le récit du chevalier de Troyes, nous relaterons ici les principaux événements qui se passèrent au fort Sainte-Anne, jusqu’à sa prise par les Anglais, en 1692.

D’Iberville était resté commandant des postes de la baie d’Hudson, avec de Sainte-Hélène et de Maricourt comme lieutenants, et le Père Silvy, comme aumônier. Le Jean Bart canadien allait continuer pendant de longues années dans ces régions lointaines, la série des prouesses militaires qui devaient à jamais illustrer son nom. Quelques semaines après le départ du chevalier de Troyes, des navires anglais apparurent dans la baie James.

D’Iberville ayant appris que l’un de ces navires était pris dans les glaces près de l’île de Charleston, envoya quatre hommes à sa recherche.

« L’un des quatre relâcha par maladie, dit Denonville, dans une lettre au marquis de Seignelay[2], les trois autres suivirent leur ordre : ils furent surpris, arrêtez et liez ; l’un des trois se sauva ayant essuyé plusieurs coups de fusil, il porta la nouvelle de leur méchant succès, et les deux restants furent mis au fond de calle, liez, où ils ont

  1. Recueil de ce qui s’est passé en Canada au sujet de la guerre tant des Anglais que des Iroquois, depuis l’année 1682. Mémoires de la Société Littéraire et Historique de Québec, 3ème série, 1871.

    Voir aussi un article de M. P.-G. Roy, dans le Bulletin des Recherches historiques, 1904, pp. 284-287.

  2. rien