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maisons pour la traite des sauvages où les marchands Anglais étaient établis avec un pareil nombre de gens que ceux qui les ont pris. Aussi les Anglais n’ont plus d’établissement dans la Baie d’Hudson qu’au fort Nelson ou rivière de Bourbon, dont ils seraient dehors si on avait mis un homme à la tête du détachement canadien que l’on y envoya il y a trois ans qui eut su son fait et eut été entreprenant[1].

« Quand la nouvelle de ces pertes arriva à Londres, dit Garneau[2], le peuple cria contre le roi, auquel il attribuait tous les malheurs de la nation. Le monarque, qui a perdu la confiance de ses sujets, est bien à plaindre. Jacques II, déjà si impopulaire, le devient encore bien plus par un événement que personne n’avait pu prévoir, et l’expédition d’une poignée de Canadiens contre quelques postes de traite, à l’extrémité du monde, contribua à ébranler sur son trône un roi de la Grande-Bretagne. »

Le 11 novembre 1686, M. de Denonville, écrivant à M. de Seignelay[3], lui disait :

« Le Sr. de Troyes est le plus intelligent de nos capitaines ; il a l’esprit tel qu’il faut pour avoir tous les ménagements nécessaires pour commander aux autres ; on ne saurait avoir une meilleure conduite que celle qu’il a eu dans l’entreprise du Nord, car il lui a fallu du savoir faire pour tirer des Canadiens les services qu’il en a eus, et pour les mettre dans l’obéissance. »

Le chevalier de Troyes passa l’hiver de 1686-87 à Québec ; au printemps, à la tête d’une compagnie des troupes régulières, il accompagna M. de Denonville, dans son expédition contre les Tsonnontouans.

  1. Cet homme dont il est ici question est le sieur Bermen de la Martinière, qui avait passé l’hiver de 1684-85 à la rivière Bourbon, sans réussir à s’emparer du fort Nelson.
  2. Histoire du Canada. 5ème édition. Tome i, page, 412.
  3. Arch. Can., Corr. gén. Canada. Vol. 8. fol. 161.