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laissai les caches et en repartis la même nuit pour Ruper où je me rendis de vent contraire, le 7 je fis reconnaître le vaisseaux et le 8 au matin je m’en allai avec quatre hommes et un de mes frères pour les sommer de me rendre leur vaisseau et les effets, à demie lieue de leur navire, de brume, je rencontrai leur chaloupe avec huit hommes dont quatre se trouvèrent sauvages.

Je l’abordai leur parlant Anglais et me saisis d’eux ils firent peu de résistance, voyant que nous allions mieux qu’eux et que nous étions les plus forts ou plus résolus de nous battre. Je pris le capitaine du vaisseau avec moi dans ma chaloupe et envoyai la sienne à mon bord avec trois de ses hommes conduits par un de mes frères. Je fus sommer le pilote du vaisseaux de se rendre, qui ne voulut faire quoiqu’ils ne fussent que cinq hommes, à moins que je ne leur payasse leurs gages, ce que je leur accordai, ne voulant pas faire entrer mon vaisseau dans cette Rivière et étant toujours pressé de m’en retourner à Charleston quérir cent barriques de grain que j’avais en cache approvisionner le fort St. Louis et me rendre au fort Sainte Anne où j’avais beaucoup de travail tant qu’à mettre nos barques à l’eau que les glaces avaient jetées sur les côtés, que beaucoup d’autres travaux que mon frère ne pouvait faire avec si peu de monde et en avoir tant à garder, ce qui m’obligea de leur promettre de sortir aussitôt de cette rivière et ne me pus rendre au fort Ste. Anne que le 15 Août (1689) à cause des Sautes de vent.

Mon frère de Ste. Hélène m’y joignit avec un secours de trente huit hommes et m’apporta des ordres de m’en revenir à Québec avec le plus grand des vaisseaux de vingt quatre pièces de canon chargées de castor, ce que je fis le 12, 7bre (1689) que je suis parti du fort Ste.  Anne et mon frère de Ste. Hélène aussi avec deux hommes pour s’en revenir à Montréal en canot. Je laissai mon frère de Maricour en ma place avec trente six hommes dans trois endroits en cas de l’arrivée du navire Anglais qu’ils attendaient cette année, de trente pièces de canon qui n’est pas venu, mon frère Ste. Hélène étant parti du fort St. Louis le 18 Septembre, l’on en a aucune nouvelles et moi qui ai rencontré un navire de 14 pièces de canon dans l’ntrée du détroit venant du port Nelson où il avait hyverné et en était parti le 12 du mois. On nous dit qu’il n’avait point eu cette année de navire d’Europe et on était bien en peine, je parus Anglais à ces gens là, ne faisant parler que les Anglais, et portant le pavillon de Roi et de la Compagnie d’Angleterre.

Nous nous promîmes de nous garder compagnie et que pour cela je porterai le feu, ce que je fis pendant 120 lieues durant lequel temps nous nous parlâmes cinq fois attendant un vent favorable pour nous visiter en chaloupe, j’aurais bien voulu leur attraper une chaloupe et tâcher de les prendre après leur avoir ôté 8 ou 10 hommes, quoiqu’ils fussent 25 de compte fait, mais le temps ne nous permit pas de nous visiter Chouar