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Dans ce même temps notre chirurgien fut inviter celui des Anglais d’aller à la chasse avec lui ce qu’il fit, nos gens le furent attendre dans le bois, et l’emmenèrent au fort.

Voilà 21 hommes de pris et tous par adresse. Le même jour d’Iberville envoya sommer les Anglais de lui remettre tous les effets de leur compagnie entre les mains, et de se rendre. Ils répondirent qu’ils étaient encore 40 hommes de combat, sans leurs malades, et que ce n’était pas une proposition à leur faire que de les mettre ainsi à sa discrétion. Le lendemain Maricourt, lui 14e. fut camper dans l’ile des Anglais, hors la portée de canon ; il y fit faire une cabane et envoyait continuellement harceler les Anglais. Le jour suivant d’Iberville y fit mener une petite pièce de canon, et y vint lui-même. Deux jours se passèrent ainsi à tirailler les uns contre les autres. L’Anglais se servait de toute son artillerie qui état nombreuse, ayant sur ses deux navires 34 pièces de canon et 8 pierriers. Le 3e. jour ils nous tuèrent le nommé Villeneuve, une heure après on tua un des leurs. Le lendemain d’Iberville y retourna avec son prisonnier Baude, Lieutenant du Gouverneur, où il les somma de se rendre, qu’à faute de quoi il n’y aurait pas de quartier. Ils donnèrent leur réponce par écrit en alléguant les conditions du premier traité. D’Iberville n’y voulut pas entendre et leur fit connaître que le plus court pour eux étaient de se rendre.

Les Anglais envoyèrent pour la seconde fois le priant de leur donner du délai jusqu’au lendemain afin de songer à leurs affaires, promettant, de lui donner toute sorte de satisfaction. Le lendemain étant arrivé, et nos gens toujours campés devant eux, d’Iberville envoya son interprète demandé leur réponse. Ils l’envoyèrent en latin. D’Iberville vint à notre camp avec le Lieutenant, son prisonnier, et accepta leurs propositions qui étaient qu’ils payeraient tel gages des officiers montant à 2 500 lbs. qu’il leur donnerait un vaisseau avec vivres pour s’en retourner. Cela étant arrêté, d’Iberville envoya quérir le Gouverneur qui vint sur la glace et signèrent les conventions ; et ensuite le dit Gouverneur fit sortir tout son monde sans armes sur la glace. Maricour fut prendre possession du fort des Anglais avec 14 hommes, le Gouverneur l’y conduisant. Cela étant fini d’Iberville fit désarmer les deux navires, et mis ce qui était dedans au fort. Les Anglais furent coucher dans les dits deux navires, ensuite d’Iberville s’en retourna à son vieux fort où il restait 8 français qui gardaient les prisonniers au nombre de 55, le reste étant mort de maladie dans leur fort. Le lendemain d’Iberville revint au fort nouvellement pris pour mettre ordre à tout, et fit conduire tous les Anglais au vieux fort, s’en réservant dix des meilleurs pour les faire travailler ; et après avoir retiré tous les effets qui étaient dans son vieux fort il y en retira aussi 8 hommes qui y étaient restés à la réserve d’un, qu’il laissa pour garder les Anglais, et