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pour la chasse nonobstant la défense du Sr. d’Iberville ; un des capitaines se trouvant incommoder, relâcha, d’Iberville lui sixième étant allé pour gater et couper la charpante que les anglais préparaient pour achever leur bâtiment, il fit rencontre de la piste du Capitaine et pilote il leur coupa leur chemin, et les ayant rencontré leur fit commandemant de mettre armes bas ; ce qu’ils firent et se rendirent au Sr. d’Iberville qui les amena à son fort. Le lendemain d’Iberville envoya huit hommes pour attraper ceux qui iraient de la part des Anglais chercher le Capitaine et le pilote de qui ils ignoraient le prise.

Nos gens étant en embuscade virent venir dix Anglais sur la glace bien armés, mais ils n’osèrent approcher et s’en retournèrent. Deux ou trois jours se passèrent pendant que nos gens cherchaient occasion de prendre ceux qui sortiraient. Les Anglais se voyant gênés présentèrent un pavillon et demandèrent à parler, ils s’avancèrent au milieu de la rivière, et dirent qu’ils ne demandaient qu’a vivre en paix, et qu’ils étaient prêts (pour en donner des marques) de nous vendre toutes leurs marchandises à cent pour cent payables en Castor à 4 $ 10 s. et demeureraient paisiblement dans leur fort jusqu’à ce qu’on eut des nouvelles d’Europe ou de M. de Denonville, et qu’ils donneraient pour sureté de leur parole un otage. Le Sr. d’Iberville en demeura d’accord à condition qu’ils ne passeraient point au sud de leur ile qui était de notre côté, le Sr. d’Iberville se réservait le pouvoir d’aller ou bon lui semblerait avec ses gens. Le traité fut ainsi fait par écrit, et cela fini, les Anglais firent apporter leurs marchandises au milieu de la rivière sur la glace, par huit ou dix hommes.

Les nôtres les recevaient les armes à la main, cela dura pendant deux ou trois jours, ensuite de quoi un long temps se passa que l’on vivait en bons amis.

Un Capitaine et un Lieutenant du Gouverneur vinrent visiter d’Iberville qui les avait invités à diner ; ils s’en retournèrent sur le soir conduits par lui jusqu’à moitié chemin, d’Iberville ayant examiné son traité ne le trouva pas bien fait et était toujours dans la défiance. Il se résolu de faire en sorte d’avoir un Irlandais catholique qui parlait français, lequel était aux Anglais et qui avait témoigné à d’Iberville en particulier qu’il se voulait rendre à lui d’Iberville impatientant de ce qu’il ne le venait pas trouver, envoya son frère Maricourt avec six hommes pour le prendre. Le dit Maricourt se cacha dans le bois et envoya deux de ses hommes sur la glace demandant à parler. Les Anglais y envoyèrent le dit Irlandais pour savoir ce que l’on voulait. Un de nos hommes s’avança et lui dit qu’ils étaient venus de la part de leur commandant pour le sommer de lui tenir sa parole. Il répondit qu’il la voulait tenir mais qu’on lui donnât quatre ou cinq jours pour avoir le loisir de retirer ses hardes. Pendant ce temps notre autre français s’avança et