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vaguement déjà dans les romans de la première manière, très nettement dans les romans de la seconde période, le sentiment humanitaire ; mais ce mobile lui-même se subordonne au premier. Dans des romans comme le Compagnon du tour de France, la Comtesse de Rudolstadt, le Meunier d’Angibault, c’est l’amour qui est l’initiateur suprême à la doctrine égalitaire. On se dévoue au grand œuvre, comme le comte Albert, soit, mais Consuelo est la récompense espérée et prévue de ce dévouement. Tout ce qu’il y a d’activité virile ou d’héroïsme dans le monde a pour but l’amour à mériter ou à conquérir. Si l’opinion sociale ou les hasards de la vie ont creusé un abîme entre eux et l’objet aimé, les héros de Mme Sand déploient une force incalculable pour le franchir. Il y a même là une idée touchante, que l’auteur a employée plusieurs fois avec un singulier bonheur. Que d’énergie montre ce paysan demi-lettré, Simon, dans le rude assaut de sa destinée ! Pour s’élever jusqu’à Fiamma, il aura la force de conquérir la fortune, le talent même. Mauprat, le cœur pris par l’image d’Edmée, deviendra, avec une résolution et des peines incroyables, de bandit et de sauvage, honnête homme, héros. Quand il n’y a pas d’abîme à franchir, on se croise les bras et on aime ; on ne sait bien faire que cela dans le petit monde que gouverne l’amoureuse fantaisie de Mme Sand. Voyez Octave, dans Jacques, il ne lui vient pas à l’idée qu’il puisse y avoir d’autre occupation ou d’autre devoir ici-bas. Il a aimé