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qui s’endort là-bas, sous les branchages ! Que de larmes mêlées de sourires, un peu par contraste avec les événements, firent couler l’amitié des deux bessons de la Bessonnière, la jalousie de Sylvinet, la tendresse étonnée d’abord, bientôt émue et vive, du beau Landry pour la Fadette, la gentillesse croissante de la Fanchon, transformée par le charme magique d’un amour vrai ! Ce fut un succès de grâce renaissante. Les plus beaux jours du talent étaient revenus, l’émotion publique les reconnaissait et les saluait. C’est à la même source d’inspiration champêtre qu’il faut rapporter quelques œuvres, plus voisines de nous par le temps, comme les Maîtres sonneurs, un récit bien original, et les Visions de la nuit dans les campagnes, piquante fantaisie d’une imagination qui aime à traduire les naïves terreurs, les superstitions et les légendes, non sans s’émouvoir elle-même de ces jeux de la peur, qui sont la poésie de minuit et le drame nocturne des champs.

Vers cette époque, la passion du théâtre, qui avait été très vive chez Mme Sand, se réveilla avec une force nouvelle. L’effort infructueux de Cosima avait irrité cette passion plus encore qu’elle ne l’avait découragée. Gabrielle, les Sept Cordes de la Lyre, les Mississipiens avaient été comme un spectacle idéal que Mme Sand avait donné à son imagination. Dans sa studieuse retraite de Nohant, sa récréation la plus chère, avec ses enfants et ses amis, était, nous le verrons plus tard, un théâtre de fantaisie, où chacun, sur un scénario préparé d’avance, apportait la verve