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par éclipser l’éclat fiévreux du réformateur, le rêve enflammé du poète humanitaire.

N’est-ce pas là précisément le cercle parcouru par Mme Sand, et cette page de biographie intime n’est-elle pas l’histoire en raccourci de ses œuvres ?


I

La première période de sa vie littéraire est toute au lyrisme spontané, personnel. Et comme je voudrais faire ici un tableau non de fantaisie, mais d’histoire, avec la précision relative que comportent ces sortes de divisions d’un caractère tout psychologique, je crois pouvoir étendre cette première période de 1832 à 1840 environ. Dans cet intervalle de neuf années paraissent, coup sur coup, les chefs-d’œuvre de la première manière, Indiana, Valentine, Jacques, André, Mauprat, Lélia et la charmante série des contes vénitiens[1].

Rappelons rapidement le sujet des œuvres principales. Nous verrons qu’elles procèdent toutes d’un fonds commun d’émotions et de douleurs personnelles, sans être pourtant la confidence et le réc

  1. Citons les dates des principaux romans : En 1832, Indiana, Valentine ; en 1833, Lélia ; en 1834, les Lettres d’un voyageur et Jacques ; en 1835, André et Leone Leoni ; de 1833 à 1838, le Secrétaire intime, Lavinia, Metella, Mattea, la Dernière Aldini ; Mauprat fut écrit à Nohant en 1836, au moment où Mme Sand venait de plaider en séparation. Ces rapprochements éclairent la pensée de l’auteur.