Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/41

Cette page n’a pas encore été corrigée

jusqu’au premier roman qu’elle donnera au public.

Comment se fit la première révélation de son talent d’écrire ? il est curieux d’en connaître l’origine. Ce fut vers la fin du dernier automne qu’elle passa à Nohant. Elle avait beaucoup lu Walter Scott, dont les traces se retrouvent dans plusieurs de ses romans.

Elle ébauchait, pendant ces mois tristes, à travers ses longues promenades, l’idée d’une espèce de roman qui ne devait jamais voir le jour et qu’elle écrivit sur la tablette d’une vieille armoire, dans l’ancien boudoir de sa grand’mère, près de ses enfants : « L’ayant lu, dit-elle avec candeur, je me convainquis qu’il ne valait rien, mais que j’en pouvais faire de moins mauvais », et comme elle était alors très préoccupée du choix du métier qui lui assurerait sa liberté à Paris, elle vint à penser qu’en somme il n’était pas plus mauvais que beaucoup d’autres qui, tant bien que mal, faisaient vivre. « Je reconnus que j’écrivais vite, facilement, longtemps, sans fatigue ; que mes idées, engourdies dans mon cerveau, s’éveillaient et s’enchaînaient, par la déduction, au courant de la plume ; que dans ma vie de recueillement j’avais beaucoup observé et assez bien compris les caractères que le hasard avait fait passer devant moi, et que, par conséquent, je connaissais assez la nature humaine pour la dépeindre. » Cela l’encouragea dans sa tentative ; elle en conclut que, de tous les petits travaux dont elle