Page:Caro - George Sand, 1887.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

La vie n’en sort pas. C’est une erreur historique dont il faut nous dégager. Le mal engendre le mal… » (21 octobre 1871.) Et dans le style familier qu’elle aime jusqu’à l’abus, avec ce tutoiement qui est chez elle un reste de la vie d’artiste, elle disait à Flaubert : « J’ai écrit jour par jour mes impressions et mes réflexions durant la crise. La Revue des Deux Mondes publie ce journal. Si tu le lis, tu verras que partout la vie a été déchirée à fond, même dans les pays où la guerre n’a pas pénétré ! Tu verras aussi que je n’ai pas gobé, quoique très gobeuse, la blague des partis. » Le style n’est pas noble, mais combien expressif !

Elle raille son enthousiasme d’autrefois sans critique et sans défiance, cet optimisme, impatient des délais, qui voulait réaliser le progrès, immédiatement et à tout prix, fût-ce par la force. Elle avait cependant beaucoup fait pour améliorer sa nature, et voilà que les événements de Paris remettent tout en question à ses yeux : « J’avais gagné beaucoup sur mon propre caractère, j’avais éteint les ébullitions inutiles et dangereuses, j’avais semé sur mes volcans de l’herbe et des fleurs qui venaient bien, et je me figurais que tout le monde pouvait s’éclairer, se corriger ou se contenir…, et voilà que je m’éveille d’un rêve… C’est pourtant mal de désespérer… Ça passera, j’espère. Mais je suis malade du mal de ma nation et de ma race. » — « Défendons-nous de mourir ! » s’écrie-t-elle sans cesse, et elle ajoute : « Je parle comme si je devais vivre longtemps, et