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des Désertes une sorte de Nohant idéalisé, de même que dans Célio et dans Stella les enfants de celle qui avait retracé avec complaisance quelques-uns de ses propres traits dans la touchante image de Lucrezia Floriani. C’est ainsi que, sous sa main habile, la réalité devenait de l’art et souvent du grand art. Dans un autre roman, l’Homme de neige, un des récits les plus dramatiques de George Sand, il faut remarquer le rôle considérable que l’auteur attribue à une représentation de marionnettes. C’est un peu la scène des comédiens dans Hamlet qui nous est rendue, avec de plus petites proportions et sur un plus petit théâtre. Mais cette scène est capitale, comme dans la pièce de Shakespeare, et les plus grands intérêts, la révélation et le châtiment du crime, soupçonné non encore connu, tout est suspendu à cette représentation où Christian Waldo et l’avocat Socflé mettent tout leur esprit et toute leur âme à combiner les jeux de scène et les surprises de la conversation imaginée, d’où doit sortir le dénouement. Encore un souvenir dramatisé du Théâtre de Nohant.

Mère de famille dévouée, tout entière à la vie intérieure qu’elle crée autour d’elle, elle aimait qu’on la représentât sous cet aspect, et c’est dans ce sens qu’elle répondait aux questions de M. Louis Ulbach, qui avait l’intention de faire son portrait dans un journal. Elle l’assurait que, depuis vingt-cinq années, sa vie était bien banale. « Que voulez-vous, disait-elle, je ne puis me hausser. Je ne suis qu’une bonne femme à qui on a prêté des