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à Nohant. La vie accoutumée n’avait pas encore repris son cours. La maîtresse de maison ne savait encore « où fourrer sa personne, ses bouquins et ses paperasses ». On lui arrangeait un cabinet de travail. Maurice s’était ennuyé à Tamaris, « de voir toujours la mer sans la franchir ». Il s’était envolé en Afrique. De là il était parti sur le yacht du prince Napoléon pour Cadix et Lisbonne ; il était même question pour lui d’aller en Amérique. Les comédiens ordinaires de Nohant étaient tous en vacances, et je crois me souvenir que Balandard, la grande marionnette dont il est si souvent question dans les lettres, était en réparation.

On échappait difficilement, quand on venait à Nohant, à cette douce manie dont toute la maison était possédée. Je n’y échappai, ce jour-là, que grâce à l’absence des principaux personnages de l’illustre théâtre. En temps ordinaire, George Sand s’y mettait tout entière, cœur et âme, avec ses doigts de fée. Elle faisait des scénarios et des costumes pour les bonshommes ; elle cherchait des effets nouveaux de travestissements et de mots ; elle s’enthousiasmait franchement de ceux qu’avait trouvés son fils Maurice. C’était pour elle comme une féerie perpétuelle dont elle s’enchantait naïvement, ne croyant pas qu’il puisse y avoir de plus grand plaisir pour les amis qu’elle invitait[1]. Il n’est pas douteux que sa

  1. Voir la lettre, si curieuse à ce point de vue, à Flaubert, du 31 décembre 1867.