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de son siècle « qui n’allait pas de ce côté-là pour le moment », une doctrine toute d’idéal et de sentiment qui ressemblait assez à une sorte de platonisme chrétien. Leibniz d’abord, et puis Lamennais, Lessing, puis Herder expliqué par Quinet, Pierre Leroux, Jean Reynaud enfin, voilà les principaux maîtres qui l’empêchèrent, par des secours successifs, de trop flotter dans sa route à travers les diverses tentatives de la philosophie moderne. « Chaque secours de la sagesse des maîtres vient à point en ce monde, où il n’est pas de conclusion absolue et définitive. Quand, avec la jeunesse de mon temps, je secouais la voûte de plomb des mystères, Lamennais vint à propos étayer les parties sacrées du temple. Quand, indignés après les lois de septembre, nous étions prêts encore à renverser le sanctuaire réservé, Leroux vint, éloquent, ingénieux, sublime, nous promettre le règne du ciel sur cette même terre que nous maudissions. Et, de nos jours, comme nous désespérions encore, Reynaud, déjà grand, s’est levé plus grand encore, pour nous ouvrir, au nom de la science et de la foi, au nom de Leibniz et de Jésus, l’infini des mondes comme une patrie qui nous réclame. » Que de noms divers et contradictoires successivement invoqués !

Elle n’avait pas eu trop de ces secours pour rester fidèle à quelques-unes des idées qui, sous des formules plus ou moins variées, donnent du prix à la vie et un sens à l’espérance. Après la période de dévotion et d’extase qu’elle avait traversée au couvent