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sur 25 de large et une dizaine d’épaisseur. Il n’y avait pas la moindre tranche de maigre. Cependant tous en prenaient livraison, on faisait des ragouts.

Il est tout naturel que l’on se demande aujourd’hui comment nous vivions alors : c’est le cas de dire que nous vivions de privations.

Beaucoup de cultivateurs et de particuliers ont garni leur saloir avant l’arrivée des allemands. De loin en loin, c.-à-d. une ou deux fois par mois nous arrivions à tuer une vache à la boucherie, soit à un changement de commandant, ou à un mouvement de troupes. Il fallait profiter instantanément de l’occasion. Ce n’est qu’au mois de Mars 1915 que les allemands tinrent un registre du recensement des animaux. Nous faisions tous l’élevage intensif des lapins. Durant ce premier hiver, les betteraves ont fourni à tous une nourriture abondante. Mais il faut six mois