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Au bout de la pâture je vois un soldat qui tient son fusil à l’épaule. Je ne tarde pas à voir un second veau, écorché, étendu sur le gazon. Le commandant me dit : « Ce veau était aupres de l’autre. Un civil a voulu le voler, mais notre homme de garde veillait. Le civil a eu peur, il a jeté ici le veau. » « Le soldat a-t-il vu vraiment un civil. Pourquoi n’avait-il pas tiré apres lui. C’était peut-être un allemand. — Je vous dis que c’était un civil ! — Un civil ou un soldat, celui qui a voulu prendre ce veau est un homme qui a faim. — Vous avez raison : un homme qui a faim. » Il ordonne de reprendre le veau.

Revenus sur la route, je lui dis bonsoir. — « Mr le maire, reprend-il, je vous ai dérangé la nuit, je veux vous offrir un café. » À quel mobile ai-je