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À huit heures et demie, muni de mon brassard, je vais saluer mes sœurs et je pars à la boulangerie. Arrivé au coin de la grange de Coquel, à un mètre de l’entrée de la rue du presbytère, un obus tombe au pied de la maison de Berthe Pigache-Sergeant, tout près de la porte d’entrée. Je suis protégé par le coin de la grange. Quand dix mètres plus loin, j’arrive à l’endroit du choc, je vois à plat sur le sol le culot de l’obus, il ne reste que le talon. Une matière gluante, visqueuse achève de se consumer en dégageant une fumée âcre qui vous prend à la gorge. C’est tout ce qui reste de l’engin, et dans le mur un trou qu’une trentaine de briques suffiront à réparer.

Sur la Place, j’aperçois le pasteur qui monte la rue du Pont.

De nombreux soldats sont dans la cour du boulanger ; quant à la boulangerie elle est complètement envahie. Je suis surpris de voir avec quelle soumission ces