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suscite aucune réaction chez les trois français. Je continue à les accompagner. Nous sommes à cinquante mètres du coiffeur, je me ferai raser.

Arrivés à la jonction du chemin d’Hendecourt, nous voyons trois segments de roues de bicyclettes arrêtées dans le tournant de la rue de la gare. Puis ces roues reculent et les sept cyclistes repartent vers Écourt, toujours couchés sur leurs guidons. En ce moment un charretier ramène à la sucrerie un tombereau chargé de terre. Je laisse aller les dragons qui suivent paisiblement leur chemin, je marche à côté du charretier, je suis à vingt mètres de la maison du coiffeur. Nous croisons le domestique d’Émile Fulloy. Il est debout sur l’avant d’un tombereau à quatre roues, rempli de betteraves. Il a vu les cyclistes, il a reconnu les allemands, sa figure est décomposée, il a les yeux hagards, il ouvre la bouche toute grande, mais