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En ce temps là, à différentes fois, j’ai vu des couples de jeunes filles belges. Elles venaient me causer discrètement. Je comprenais tres bien qu’elles étaient des espionnes, mais ce n’étaient pas à moi à me livrer à elles. Et qu’aurai-je pu leur apprendre en plus de ce qu’elle pouvaient voir ? Nous les recevions à notre table, je leur procurais un gîte pour la nuit.

Plus tard au début de 1915, je verrai arriver une dame mise avec une grande simplicité. Je suis sur la place. Je cause à deux officiers. Je constate que d’aussi loin qu’elle me voit, elle m’observe. Elle passe pres de nous sans regarder, l’oreille aux aguets. Le soir elle arrive à la maison. Elle nous dit qu’elle est la femme du colonel Bouttieaux, le premier colonel aviateur français. Infirmière dans les ambulances de l’avant, elle fut cernée lors d’une avance allemande. Quand le dernier soldat français eut quitté l’hopital,