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comptoirs, et quelques navires et machines ; et même dans beaucoup de cas, cela n’eût pas survécu autant si l’on n’avait consacré un nouveau travail pendant ce temps à les réparer. »

La première remarque à faire est l’emploi des mots que nous avons mis en italique, richesse et capital — comme étant synonymes — et cependant, tandis qu’il n’est personne, à commencer par l’auteur lui-même qui ne regarde le grand propriétaire foncier comme on homme riche, il semblerait parfaitement clair que M. Mill ne regarde pas la terre ou les améliorations qui y sont incorporées, et qui résultent de milliers d’années d’exploitation — comme constituant une partie de la richesse nationale.

Laissant de côté la terre ses fossés, son drainage et les routes, il nous suffira du reste pour traiter la question. Les bâtiments, avons-nous vu, viennent en tète de la richesse. Leur valeur, à part l’outillage qu’ils renferment, a été calculée en 1842 à 625.000 livres sterling. La propriété aujourd’hui assurée contre l’incendie représente 870.000.000 livres sterling — l’assurance est rarement effectuée sur plus de la moitié de la valeur — nous pouvons donc porter au double ce chiffre élevé pour obtenir le chiffre réel. La somme totale de la valeur produite par le travail de la population anglaise ne peut représenter plus de 25 livres sterling par tête, soit pour 2l.000.000 de têtes, 525.000.000 livres sterling, comme le fonds total sur lequel l’épargne peut s’exercer ; et cependant on nous affirme que la plus grande partie de la richesse qui existe aujourd’hui en Angleterre a été produite pendant les douze derniers mois. N’est-il pas évident qu’il y a là quelque grosse méprise ? Sur ces 525.000.000 livres sterling, toute la population de la Grande-Bretagne a dû se nourrir et se vêtir ; et pourtant le capital représenté par l’épargne d’une seule année se compterait par presque des milliers de millions.

Les différentes parties du système qui conduit à des résultats si extraordinaires sont donc incompatibles entre elles. La terre ne doit point être considérée comme une richesse, bien que le travail qu’on y a incorporé pendant une longue suite d’années l’ait rachetée de la condition d’une lande stérile, et l’art élevée au premier rang parmi les sols productifs du royaume. Cependant, lorsqu’une partie de cette terre devient des turneps, ceux-ci sont de la richesse ; s’ils nourrissent des porcs ou des bœufs, ils continuent à être de la