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culté habituelle, économie prouvée puisqu’on achète l’eau au porteur plutôt que de l’aller chercher. Enfin on fait un aqueduc ; c’est une énorme mise de fonds, et la peine à prendre pour avoir de l’eau est de cette fois annulée, pour ainsi dire ; le capital a presque supprimé tout travail. Et la preuve que toutes ces interventions successives du capital ont été économie de force, de temps et d’argent, c’est que toutes ces dépenses capitales ont été soldées par la valeur de l’eau, et qu’en définitive, vases, voitures et constructions payés et entretenus, le prix de l’eau a constamment baissé. »

L’auteur aurait pu ajouter que : « la consommation s’est tellement accrue, qu’une seule famille consomme aujourd’hui plus que le village n’eût produit jadis. »

Dans ce passage, M. de Fontenay n’a nullement eu en vue la question de protection des droits du commerce d’un côté et de ceux du trafic de l’autre ; mais c’est le caractère des propositions qui sont vraies, qu’elles se montrent vraies dans tous les temps et dans tous les lieux. Le grand objet de l’homme étant d’acquérir le pouvoir sur la nature, plus il en acquiert, moindre est la valeur des utilités qui servent à ses besoins, plus grande est la sienne propre, et plus s’accroît sa consommation.

Pour acquérir le pouvoir il faut l’association et la combinaison d’effort. Nous avons vu que l’obstacle à l’association se trouve dans la nécessité des changements de lieu ; plus nous atténuerons l’obstacle, et plus s’accroîtra, non-seulement le pouvoir actuel de l’homme, mais aussi sa capacité pour de nouveaux et plus importants efforts. La source est éloignée, il appelle à son aide, et, dans une succession régulière, diverses forces de la nature — passant du creux de sa main à la cruche, au tonneau, au chariot ; et le coût et la valeur de l’eau vont constamment en baissant. Vient le jour où il construit un aqueduc dès lors la force de gravitation est à son service, la valeur disparaît et l’eau est à aussi bon marché que l’air.

Le sentier dû sauvage est mauvais, l’homme prend la résolution, une fois pour toutes, de faire une route ; celle-ci le met en état, une fois pour toutes, de faire une route à barrières (une voie macadamisée] laquelle contribue si bien à l’accroissement de ses forces que nous le trouvons dès lors, une fois pour toutes, employant du travail présent par millions à construire un canal. Cette fois encore