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veloppement d’interdépendance qui sont les bases de la puissance romaine. Ceux qui veulent s’ouvrir la route à la fortune doivent recourir au glaive et à lui seul. Aussi, l’histoire romaine ne nous présente-t-elle que la disparition graduée de ces différences parmi les hommes, sans lesquelles la perfection d’organisation sociétaire ne peut exister. L’Italie des premiers âges nous montre des cités nombreuses au sein de territoires qui sont la propriété des hommes qui les cultivent. L’Italie impériale, au contraire, n’offre à peu près qu’une cité qui fourmille de pauvres, de trafiquants et de banquiers, et que possèdent de grands propriétaires, qui font cultiver leurs lointains domaines par des esclaves. Il s’ensuit que l’histoire romaine, depuis l’époque dès Tarquins jusqu’à celle de Marius et de Sylla, dé Cicéron et de Catilina, d’Antoine et d’Octave, ne nous présente que développement de brutalité et d’insubordination d’une part, et de l’autre décadence du pouvoir de coordination, — le cerveau directeur s’affaiblissant à mesure que la terre se consolida et que la population tomba dans l’asservissement Étudiez cette histoire, vous y trouvez partout développement de tendance à séparer les consommateurs des producteurs, — à augmenter la proportion de la classe des intermédiaires, — à diminuer la demande de toute faculté humaine autre que celle que l’homme exerce en commun avec les animaux des champs, — la force brutale. Il en résulte que, tout vaste qu’ait été son empire, Rome n’a contribué que peu au fond général des arts et de la littérature, tandis que la petite Attique constitue le grand trésor auquel recourent ceux qui les aiment.

À la chute de l’empire et à la ruine générale des villes et cités, l’artisan et l’industriel disparaissent complètement. — La société se résout en ses éléments originels. — L’insubordination est universelle, — l’anarchie succède au peu d’ordre qui avait existé auparavant. Plus tard, nous trouvons Charlemagne engagé dans le travail de coordination, et cherchant à commander la subordination ; — il convoque des assemblées composées des diverses parties de la population, et il institue des lois que tous, grands et petits, sont tenus de respecter. À sa mort, le pouvoir de combinaison disparaît soudain, cédant la place à l’anarchie et à l’insubordination ; — le système féodal, tel qu’il exista en Allemagne et en France, reconnaissait pleinement le pouvoir du maître sur l’esclave, tandis