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a proposé d’appliquer la doctrine du laisser-faire, viennent celles qui ont pour objet l’assistance publique envers les individus qui ne peuvent rien pour eux-mêmes. — M. Malthus affirme à ses concitoyens que toutes lois rendues dans ce but tendent à déprimer la condition générale des pauvres, en augmentant la population sans augmenter les subsistances sur lesquelles elle doit vivre. En conséquence, il pousse à une abolition graduée mais radicale du système, — tout en négligeant cependant de suggérer aucun mode qui se prête à l’accomplissement par tous de ce qui était le devoir de tous ; et nous laissant ainsi à trouver dans la mendicité les seuls moyens de pourvoir aux besoins du boiteux et de l’aveugle, de l’estropié et du malade. M. Ricardo, suivant sa trace, enseigne que de telles lois sont nuisibles, qu’elle favorisent le mariage précoce et imprévoyant, qu’elles a tendent à changer la richesse et la puissance en misère et en faiblesse, en faisant renoncer l’homme à tout travail qui n’aurait pas pour unique but celui de se procurer des subsistances. D n’y aurait plus de distinction relevant des facultés intellectuelles ; l’esprit ne serait occupé que du soin de satisfaire les besoins du corps jusqu’à ce qu’à la fin toutes les classes fussent en proie à une indigence universelle. »

Les successeurs de ces messieurs ont assuré qu’une loi des pauvres « a une irrésistible tendance à vicier la pure essence et la beauté de cette humanité chrétienne dont elle usurpe la fonction, en dégradant la charité et la faisant passer du don volontaire à l’obligation légale[1]<nowiki> ; » — que a c’est une amende frappée sur le riche et l’indépendant au profit du pauvre, — une décimation communiste des épargnes de l’industrieux au profit du fainéant ; — que le travail est une utilité aussi bien que le blé, le calicot, le drap fin ; » — que cette notion du travailleur « que du moment qu’il a bon vouloir de travailler, il a droit à être nourri » est aussi évidemment une absurdité, que la prétention qu’élèverait le fabricant d’avoir droit à des acheteurs pour son drap ; — qu’une loi des pauvres est une abrogation virtuelle de la loi naturelle ; — qu’elle se placerait entre la cause et ses conséquences ; — que les fautes du père retombent sur les enfants ; — que ceux qui mettent des pauvres au monde se sont fait à eux-mêmes leur lit dur, — ayant péché con-

  1. Ricardo, Political Economy. chapter on Wages.