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ticles ainsi protégés étaient tenus, après un certain temps, d’arriver « à aussi bon marché ou à meilleur marché que leurs similaires étrangers[1]. » Il ne tient pas, il est vrai, pour certain, que « la masse du revenu d’un pays en soit augmentée, » et cependant il fournit lui-même la preuve du fait dans un autre endroit de son livre, lorsqu’il montre que quelque développement que prenne le marché domestique pour le fermier, — l’épargne du coût de transport doit lui être favorable, — en donnant de la valeur à son travail et à sa terre. En outre de l’avantage ultérieur du bon marché pour les utilités qui jusqu’alors étaient importées, son profit est doublé, si même il n’est doublé ou quadruplé.

Bien plus complètement que le Dr Smith, M. J.-B. Say a apprécié la nécessité d’action de la part du pouvoir coordonnant. Il tient que les circonstances modifient beaucoup la thèse, généralement vraie, que chaque individu est capable de juger par lui-même de l’emploi le plus avantageux à faire de son capital et de sa personne. Smith écrivait, comme M. Say s’en rendait bien compte, dans un pays dont le gouvernement s’était montré peu disposé à négliger les intérêts, — un pays qui, par conséquent était dans ses arrangements sociétaires, bien en avance sur plusieurs autres. Admettant la vérité générale des propositions de Smith, il était naturellement conduit à se demander si dans ces derniers, il n’existait pas de préjugés peu surmontables sans l’aide du gouvernement. » « Combien, dit-il, n’y a-t-il pas de villes et de provinces où l’on suit entièrement les mêmes usages pour les placements d’argent ! Ici l’on ne sait placer qu’en rentes hypothécaires sur des terres ; là, qu’en maisons, plus loin que dans les charges et les emplois publics. Toute application neuve de la puissance d’un capital est, dans ces lieux-là, un objet de méfiance ou de dédain, et la protection accordée à un emploi de travail et d’argent vraiment profitable peut devenir un bienfait pour le pays. Enfin telle industrie peut devenir de la perte à un entrepreneur qui la mettrait en train sans secours, et qui pourtant est destinée à procurer de très-gros bénéfices quand les ouvriers y sont façonnés et que les premiers obstacles auront été surmontés[2]. »

  1. Wealth of Nations, liv. IV, ch. ii.
  2. Say. Traité d’Économie Politique, ch. XVII. — Voy. précéd., vol. II, p. 39,