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parties nommées. — C’est une création de monopoles. Ici le pouvoir coordonnateur sort de sa sphère propre d’action — en créant des obstacles à l’association, tandis que son devoir réel se borne à les écarter. On en avait créé beaucoup en Angleterre avant les statuts 21 de Jacques Ier par lesquels ils furent presque tous abolis. — On n’excepta que les patentes, accordées pour encourager les éditeurs d’inventions et de perfectionnements utiles. Ce fut toutefois la journée des petits monopoles seulement, — car ceux de la compagnie des Indes, de la compagnie de la mer du Sud, de la Banque d’Angleterre et plusieurs autres ne datent que de plus tard.

« Ce fut principalement, dit le chancelier Kent, dans l’intention d’investir des sociétés d’hommes qui se succèdent des qualités et capacités d’un être unique, artificiel et fictif, que les corporations furent inventées dans le principe, et c’est dans la même intention qu’on en a fait si largement usage[1]. » Blackstone cite Plutarque pour constater qu’elles furent, pour la première fois, introduites par Numa, qui érigea chaque métier et profession, à Rome, en une société, dans l’intention de subdiviser les factions romaine et sabine, qui se partageaient la ville en parties plus petites, dont chacune servirait à neutraliser les autres. Deux siècles plus tard, Solon permit aux Athéniens de se former à leur gré, en compagnies, pourvu qu’elles ne fissent rien de contraire à la loi[2]. Ces époques, tant de Rome que de la Grèce, où la liberté réelle exista le plus, étaient précisément celles où l’on voit le pouvoir coordonnateur avoir été le plus appliqué à favoriser la combinaison. La liberté disparue, César ne trouve dans les corporations que des berceaux de factions et de désordre, — un état de choses qui durait encore à l’époque de Trajan, et c’est pour cela qu’on le voit refuser de garantir l’incorporation pour une simple compagnie contre l’incendie[3]. Les corporations pour le progrès de l’enseignement furent tout à fait inconnues des anciens ; ce n’est qu’au XIIIe siècle que les collèges et les universités commencent à conférer des grades[4].

La création de corps civils et municipaux pour des fins politi-

  1. Commentaries, vol. II, p. 469.
  2. Ibid., p. 269.
  3. Ibid., p. 268.
  4. Ibid., p. 270.