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compromise. Qui le fera ? Ce qui est le devoir de tous n’est celui de personne, et les marécages restent sans être drainés. À la longue cependant, la société décide que ce qui est pour le bien de tous doit être fait aux frais de tous ; — riches et pauvres sont requis de contribuer en raison de leurs intérêts respectifs.

Le commerce par lettres doit être entretenu ; mais comment s’y prendre ? Faute d’une action combinée, le petit nombre de riches et de puissants a la ressource d’envoyer ses lettres par des messagers spéciaux, — et tire un avantage immense d’être informé avant leurs voisins, pauvres diables. Pour remédier à cela, et dans l’intérêt de tous, la société se charge de la correspondance, — transportant les lettres à la distance de milliers de milles, et recevant en retour une petite pièce de monnaie, ce qu’on donne usuellement pour porter une simple lettre dans une rue adjacente.

Un pays embrasse toutes les variétés de sol et de climat requises pour une agriculture très-variée, depuis l’orge du Nord jusqu’au sucre du Midi ; et pourtant, faute de l’introduction de quelques articles, ses habitants sont obligés d’aller au dehors d’année en année, payant trois, quatre ou cinq fois le coût d’origine, et perdant ainsi annuellement une plus forte somme, qui, bien employée, donnerait aux cultivateurs un nouvel emploi de travail et de terre, ce qui ajouterait beaucoup à la richesse générale. Dans cet état de choses, la société leur vient en aide, — demandant à chaque contribuable de la taxe du transport de verser dans un fond commun un petit tant pour cent de son montant, pour être appliqué à l’introduction de graines et de notions qui, en peu de temps, les soulageront du payement de la taxe[1].

Les écoles développent les facultés variées de la plus jeune partie de la communauté ; mais, par suite du manque de diversité dans

  1. Ce qui se paye annuellement aux États-Unis pour le transport du thé suffirait probablement pour assurer le succès de l’introduction de cette culture dans le pays. L’entreprise cependant ruinerait un homme seul ; elle a déjà réduit à la mendicité un homme courageux qui l’avait tentée. La semence du thé doit se tirer de Chine, et le peuple s’oppose à l’exportation de la meilleure comme un acte préjudiciable à ses intérêts. De plus, les armateurs pour le thé, les marchands commissionnaires, les importateurs, etc., regardent l’introduction de la culture du thé ici comme un coup mortel pour la profession qui les enrichit. Aussi la convenance du climat, du sol et de la culture, tout doit être l’objet d’expériences patientes et répétées qui, bien que le succès ne soit pas douteux, le rendraient cependant coûteux à obtenir.