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nécessaires pour coordonner les mouvements de société de manière que les lois produisent leur effet. À Galilée, Newton et autres, nous devons la connaissance des lois du mouvement, — à des hommes comme Watt, Arkwright et Fulton, nous devons le pouvoir de profiter des lois découvertes. L’étude attentive des lois est indispensable pour réussir dans la pratique, « c’est, comme l’a dit M. Comte, par la connaissance des lois d’un phénomène, dont les résultats invariables sont prévus, et par elle seule que nous pouvons nous conduire dans la vie active, de manière à modifier l’une par l’autre à notre avantage. Bref : savoir pour prévoir, prévoir pour agir ; — telle est, dit-il, la simple formule pour exprimer le rapport général de science et d’art. »

L’homme s’approche d’un autre homme, poussé par un désir pour l’association et parce qu’il a conscience que leur propre force et pouvoir augmenteront en se combinant. Unis ensemble, mille cas se présentent dans lesquels un égoïsme, qui manque de lumières, peut venir s’opposer à des mesures qui ont pour but de favoriser le bien de tous, — mesures dans les bénéfices desquelles ceux qui agissent ainsi participeraient. Cela étant, il devient clair que quelques personnes désignées doivent agir comme arbitres, investis du pouvoir de coordonner et déterminer le mouvement du corps social, de manière à mettre en activité tous les pouvoirs de ses membres et de requérir chacun de tenir en dû respect les droits de ceux qui l’entourent ; — l’objet que l’on cherche à obtenir étant d’écarter les obstacles qui se placent sur la voie d’association et de combinaison. Les devoirs à remplir par les personnages investis de ce pouvoir sont précisément les mêmes que ceux assignés au cerveau dans le corps physique ; et la santé du corps social repose tout autant sur leur dû accomplissement que celle du corps physique sur l’accomplissement par le cerveau des devoirs à lui assignés, — l’abdication, sans qu’il résulte préjudice, n’étant pas plus possible dans un cas que dans l’autre. L’ordre, d’après la définition de M. Guizot, « étant simplement l’exercice libre et assuré des droit, » s’il vient à manquer parmi les différents membres d’une société, les conséquences seront nécessairement fâcheuses, comme lorsque l’intelligence manque à régler les opérations de ses différents sujets. C’est là la première loi du ciel et la plus importante de toutes ; le sentiment de sa nécessité se montre de lui-même,