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un contrôle positif sur les actes préliminaires de la nutrition, dans la sélection, la préhension et l’ingestion de l’aliment ; jusqu’à un certain point il modifie, suspend ou accélère la digestion ; et, à un degré considérable, il influe sur la respiration ; — sa faculté d’intervention s’évanouit en impuissance à mesure que les actes échappent de la sphère du libre vouloir, pour passer dans celle de la nécessité et de la non-conscience.

Les sens extérieurs, serviteurs plus immédiats des fonctions souveraines du cerveau, sont encore plus sujets à contrôle, et cela dans un rapport qui est direct à la vie intellectuelle, et indirect à la vie instinctive du sujet. Cette loi de gradation règne aussi parmi les sens de la vie individuelle : — le goût, l’odorat, qui, un leur qualité de sentinelle de la vie organique, sont presque indépendants de la volonté. L’ouïe, tellement importante comme introducteur des nouvelles de danger et des suggestions de science, l’est presque également ; tandis que le toucher et la vue, que rendent un plus grand service à l’intelligence, sont proportionnellement plus obéissants à sa direction. Placé au-dessus et au somment de cet ordre, le cerveau, dans son propre et exclusif office de pensée et d’émotion, est libre, spontané et souverain dans l’économie nerveuse du système.

Quelques-unes des fonctions du corps ont un caractère mélangé — et servent tantôt à la vie instinctive, tantôt à la vie rationnelle. Les muscles de l’œsophage, par exemple, dans l’acte d’avaler l’aliment et de boire, agissent, pour la plus grande partie, sans qu’il y ait conscience ; mais ils sont aussi cependant sujets, jusqu’à un certain point, à la volonté. La même chose est vraie aussi, quoique à un degré moindre, pour les organes de locomotion, et à un très haut degré pour ceux de la respiration. La volonté ne peut suspendre absolument l’acte de respirer, mais elle peut le retarder ou l’accélérer, par exemple, dans le chant. Les yeux se ferment instinctivement et irrésistiblement à l’approche d’un objet offensif, bien que la soumission ordinaire de leurs mouvements à la volonté soit absolue. Les mouvements de la face sont largement volontaires, mais, dans l’expression qui accompagne la pâleur de la crainte ou l’afflux de la colère ou de la pudeur, ils sont essentiellement involontaires et en dehors de tout contrôle.

Ici, sans entrer dans les détails qui ne sont limités que par les