Page:Carey - Principes de la science sociale, Tome 3.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

augmentera et plus la consommation sera prompte à suivre la production.

Plus la matière tend à revêtir sa plus haute forme, celle de l’homme, et plus augmentera le pouvoir de maintenir le commerce ; moins il y aura déperdition de la force qui résulte de la consommation de nourriture, et plus s’accroîtra le pouvoir de chaque individu de produire quelque chose à échanger contre ce dont il a besoin, — offrant ainsi aux autres une incitation à exercer leur force musculaire ou intellectuelle.

Plus il y aura de forces fonctionnant, plus la circulation deviendra rapide et plus le pouvoir de production et d’épargne tiendra à s’accroître.

§ 12. — Erreurs des économistes modernes sur le travail productif et non productif. Tout travail est productif qui tend à mettre l’homme plus parfaitement en mesure d’approprier à son service les forces de la nature, — la richesse consistant dans l’existence de ce pouvoir d’appropriation. Plus s’accroît le pouvoir de l’homme sur la nature, plus est rapide le progrès d’accumulation.

La tendance de l’économie politique moderne a été de changer complètement le sens du mot richesse, limitant de plus en plus son application à ces utilités matérielles qui peuvent se vendre et s’acheter, limitant aussi la science elle-même à l’étude des actes qui comprennent la vente, d’une part, et de l’autre l’achat. Cela provient de ce qu’aucun des maîtres de la science n’a convenablement établi la différence entre les deux classes bien tranchées entre lesquelles surtout se divise la société, — les uns désirant opérer des échanges avec leurs semblables et entretenir ainsi commerce, tandis que les autres désirent opérer des échanges pour eux-mêmes et exercer la profession de marchand.

L’extension de la première classe, nous l’avons vu, tend à amener la parfaite fermeté dans le mouvement de la société, tandis que l’extension de l’autre tend nécessairement à produire ce qu’on appelle les encombrements, — le négociant y trouvant du profit par les variations qu’ils causent dans le prix du travail et des utilités, ce qui lui permet d’acheter à bon marché et de vendre cher. Il en est résulté que plusieurs économistes de l’école moderne se sont imaginé que, dans ce cas, la difficulté de vendre était la conséquence d’un excès de production, tandis que la cause réelle doit s’attribuer aux obstacles qui entravent la circulation. Faute d’avoir entrevu cette vérité le successeur de J.-B. Say enseigne qu’on ne doit plus, comme à l’époque d’Adam Smith, s’occuper exclusivement d’accélérer la production ; il faut s’occuper aujourd’hui de la gouverner, en la restreignant dans de sages limites. « Il ne s’agit plus, ajoute-t-il, d’une richesse absolue, mais relative ; l’humanité demande