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moins habitable pour l’homme, — l’acide carbonique se produisant de plus en plus, et l’air perdant de sa propriété d’entretenir la vie humaine. L’augmentation de vie végétale tend au contraire à favoriser la décomposition de cet acide, — ce qui fournit par conséquent un surcroît d’oxygène, l’élément nécessaire à l’entretien de la vie animale, tandis que la diminution dans la consommation de nourriture animale est suivie d’une diminution dans la quantité d’oxygène dont l’homme éprouve le besoin[1].

À l’équilibre des forces qui s’opposent les unes aux autres dans la nature, est due l’harmonie parfaite que l’on observe partout ailleurs, et il en est de même ici. L’extension de la culture est indispensable pour accroître l’offre des subsistances. Cette extension implique, dans son cours, une extirpation graduelle des espèces animales qui, maintenant, consomment une si grande part des produits de la terre ; et si l’homme ne venait pas occuper leur place, la production d’acide carbonique ne tarderait pas à diminuer, avec diminution correspondante dans les pouvoirs producteurs du règne végétal. Plus il y a d’hommes et de femmes, plus s’agrandit le réservoir de force requise pour la production de matière végétale, plus la circulation s’accélère, plus il se produit d’acide carbonique et plus augmente le pouvoir pour la reproduction végétale. Plus se complète le pouvoir d’association, plus la culture se perfectionne, — plus se développent les pouvoirs de la terre, — et plus admirable se manifeste la beauté de tous les arrangements de la nature, dans l’adaptation parfaite de toutes les parties et particules du merveilleux système dont nous sommes une partie.

Néanmoins, bien que le produit annuel d’une seule acre de terre cultivée en blé « puisse entretenir la chaleur animale et le pouvoir animal de locomotion, dans un homme robuste, pendant l’espace de plus de deux ans et demi[2], » — et bien qu’un tel homme puisse suffire à cultiver plusieurs acres, nous ne pouvons jeter les yeux dans aucune direction sans voir des hommes qui souffrent par manque de subsistance. Il en est ainsi pour la fourniture du combustible, et des matériaux qui servent à se vêtir, à bâtir des maisons, et de toutes les utilités nécessaires pour l’entretien de la santé et de la vie de l’homme. Les questions se présentent naturellement.

  1. Voy. précéd, vol. I, p. 78.
  2. Allen. Philosophy of the Mechanics of Nature, p. 736.