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ses convictions » — et il est bien vrai que tel est ici le cas. En commun avec les animaux inférieurs, l’homme a des instincts qui, dans le passé, l’ont conduit à désirer cet accroissement dans le pouvoir d’association qui résulte de l’accroissement de population et de la diversité des professions. L’école politique moderne cependant enseigne le contraire, — et l’école qui nous donne la doctrine de l’excès de population est la même qui aujourd’hui nous enseigne les avantages qui résulteront de réduire a toutes les nations du monde, la Grande-Bretagne exceptée, au seul travail de cultiver le sol. »

§ 10. — L’harmonie dans le monde social comme dans le monde physique résulte de l’action égale de deux forces qui s’opposent l’une à l’autre. Plus l’équilibre est parfait, plus il y a tendance au développement de l’homme véritable et à l’harmonie entre les demandes qu’on adresse à la terre et son pouvoir d’y satisfaire.

Tous les phénomènes que présente le monde peuvent être invoqués à l’appui des propositions suivantes :

Que, dans le monde social, ainsi que dans le monde physique, l’harmonie est maintenue par l’équilibre des forces centripète et centrifuge ; — les centres locaux d’attraction font contre-poids au grand pouvoir central.

Que plus le consommateur est voisin du producteur, et plus il a y attraction dans les centres locaux, plus s’accroîtra l’intensité de ces deux forces, plus s’accélérera la circulation sociétaire, — plus se développera l’homme véritable, — plus grandira le pouvoir appliqué à développer les immenses trésors de la terre, plus augmentera la quantité de subsistances et d’autres denrées premières en échange d’une quantité donnée de travail, et plus s’accroîtra la tendance à l’harmonie parfaite entre les demandes d’aliment adressées à la terre et le pouvoir de la terre d’acquitter les mandats tirés sur elle[1].

  1. Au sujet du pouvoir de reproduction) nous recommandons la lecture d’un article ayant pour titre : Théorie de la population, dans Westminster Review avril 1852. L’auteur croit à l’existence d’une loi d’adaptation spontanée réglant la demande et l’offre d’aliment ; il la trouve « dans une pression constante que la population exerce sur les moyens d’existence. » — Il y voit la cause immédiate du progrès. « C’est à cette pression que nous devons toute l’amélioration qui s’est produite et toute celle qui pourra se poursuivre jusqu’au jour où, après avoir peuplé le globe autant qu’il puisse l’être, et avoir mis en culture tout ce qui est habitable ; — après avoir pourvu de la manière la plus parfaite à la satisfaction de tous les besoins de l’homme ; — après avoir en même temps développé son intelligence au niveau de sa tâche, et ses sentiments en complète adaptation à la vie sociale ; — où après avoir fait tout cela, nous verrons cette pression de la population, qui s’était accrue graduellement pour l’accomplissement de son œuvre, décroître elle-même graduellement. » Nous croyons au contraire que, dans une hypothèse qui fait de la