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pieds. Tant que manquent les usines, l’agriculture ne progresse que peu ; ce qui explique pourquoi le paysan anglais était mal veto, mal logé, et mangeait « de l’orge et du seigle, du pain noir, et le préférait au pain blanc, comme tenant plus longtemps à l’estomac et se digérant moins vite, tandis que les riches et les grands seigneurs vivaient dans des maisons sans vitres aux fenêtres, et que, dans le salon de la reine, on étendait du jonc au lieu de tapis. »

La culture, en grande partie, était confinée sur les sols les plus pauvres dont le rendement allait constamment diminuant, par suite de la nécessité d’envoyer leurs produits sur un marché éloigné. La fourniture d’aliments progressait peu, la circulation sociale languissait, la consommation étant lente à suivre la production. La population, cependant, augmentait peu à peu avec une force croissante de combinaison, laquelle force se manifeste par ce fait que depuis lors on ne rencontre plus dans la législation aucun acte du parlement imposant au travailleur l’obligation de travailler à un taux fixé.

An commencement du XVIIIe siècle, nous trouvons une population d’environ cinq millions ; elle a à peine plus que doublé dans l’espace de plus de trois siècles. Avec l’accroissement en nombre, il y avait eu accroissement du pouvoir de disposer des services de la nature, suivi d’un accroissement matériel dans la quantité des utilités à la disposition du travailleur. Et cependant même encore les modes d’emploi ne sont que peu multipliés. On continue à produire du grain pour l’exportation. La production du fer est très-grossière ; la plus grande partie de la demande est servie par le nord et l’est de l’Europe. La consommation est par conséquent très-faible ; elle reste ainsi jusqu’à peu près le milieu du siècle, époque où l’on applique la houille à fondre le minerai, l’homme acquérant ainsi de la force à un degré jusqu’alors inconnu. Vient la machine à vapeur, et au fur et à mesure que s’accroît la force, le producteur et le consommateur sont rapprochés de plus en plus l’un de l’autre. Le grain cesse d’aller au dehors, l’engrais cesse d’être perdu pour la terre sur laquelle il a poussé. La demande des services de l’homme devenant plus régulière, le capital grossit rapidement avec un accroissement correspondant de population, qui, pour la seconde partie du siècle, est quatre fois plus grand que celui de la première. La matière a donc revêtu par de-