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de la peau et des viscères est presque suspendue, si même elle ne l’est tout à fait.

Ainsi, dans les deux états de santé et de maladie les diverses fonctions du corps vivant sont sujettes et cela habituellement à de grandes modifications dans leurs activités respectives. On peut dire en général que la force vitale ne peut être habituellement concentrée sur quelque partie de la structure qu’aux dépens des autres parties. Il est cependant de vérité presque universelle que ces fonctions qui servent à la vie animale et celles qui servent pour la continuation de la race, accomplies comme elles le sont par des forces instinctives absorbent la plus grande part delà puissance du système, au détriment de ces facultés autres et d’un ordre supérieur qui demandent l’éducation et la discipline pour se développer dans leur pleine et énergique proportion. En d’autres termes, les fonctions de nutrition et de sexe ont, en règle générale, sur les facultés morales et intellectuelles, tous les avantages résultant de l’impulsion instinctive, aussi bien que contre les aspirations des facultés plus rares et plus nobles qui ont besoin de la culture pour développer leur force.

Tandis qu’un tel antagonisme entre les diverses fonctions du corps est ainsi un résultat général et naturel de l’organisation vitale, il est curieux d’observer qu’un rapport du même genre existe à un degré tout spécialement éminent entre les forces nerveuses et les reproductives. Le travail purement musculaire ne semble pas en quelque sorte défavorable à la fécondité. — Les esclaves des plantations du Sud et les paysans ignorants de l’Irlande sont parmi les classes les plus prolifiques de la race. L’absence d’activité intellectuelle semblerait dans les deux cas servir d’explication. Il en est de même chez les robustes pionniers des pays neufs, — hommes dont les travaux impliquent une certaine somme de travail dû au cerveau, mais non à un degré tel qu’il fasse contrepoids aux fonctions physiques. Ce travail se faisant principalement le serviteur de celles-ci, est en qualité et en somme parfaitement compatible avec les plus bas offices du corps.

La chasteté et l’infécondité bien connues des tribus qui vivent de la chasse, au lieu d’être exceptionnelles et en opposition avec l’opinion par nous émise, sont, en point de fait, une preuve frappante de leur vérité générale. L’adaptation qu’elle constate est manifeste,