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semblables, envers son Créateur pour toutes ses actions[1]. La responsabilité à son tour produit une habitude de la réflexion qui le conduit à l’économie de ses forces et facilite l’accumulation d’outillage qui lui sert à acquérir le pouvoir de guider et de diriger à son service les forces de la nature. — Il accumule la richesse qui l’aide à tirer plus de subsistance d’une même surface du soi, et il devient ainsi plus apte à combiner parfaitement ses efforts avec ceux de ses voisins et à développer de plus en plus sa propre individualité et celle de ses co-sociétaires. Le pouvoir de progresser est, comme nous avons vu, en raison de ces conditions.

Le sauvage est l’esclave de la nature, conduit par le besoin à commettre des actes, qui, considérés d’une manière abstraite, sont criminels à un haut point. Cependant, la disposition est telle, qu’il est humain et honnête dès qu’il le peut sans compromettre sa vie. L’homme civilisé, maître de la nature, sent que sa responsabilité s’est accrue en même temps que son pouvoir, — et qu’elle lui impose une étude attentive de chacun de ses actes. L’homme à l’état isolé erre sur de grandes surfaces, cherchant le plus souvent en vain sa nourriture. Peu porté au rapprochement sexuel, il compte pour peu la mère de son enfant et ne fait aucun cas de l’enfant lui-même. Ailleurs, par exemple, dans les îles du Pacifique, ou l’aliment abonde, ce rapprochement fournit la plus grande jouissance de la vie, — en même temps que l’infanticide est pratiqué généralement et délivre les parents de toute responsabilité pour leur lignée. Nous trouvons précédemment l’analogue de ceci dans les institutions de Sparte. — Lycurgue l’avait jugé nécessaire pour stimuler l’appétit sexuel et propre à délivrer les parents de toute responsabilité pour leurs enfants.

À mesure que s’accroissent le nombre et la richesse, les hommes acquièrent l’aptitude à combiner ensemble, et plus le pouvoir d’association se perfectionne, plus se développe l’individualité, — plus s’accroît la tendance à la création de centres locaux, — à ce que les produits de la terre s’obtiennent à moins de frais, — à ce qu’ils gagnent en utilité, — à ce que la terre se divise, — à ce que se développe l’homme véritable, — l’être a qui été donné le pouvoir de

  1. Cette responsabilité existe en raison du développement des facultés diverses ; la preuve en est que la loi ne tient pas le monomane pour responsable de ses actes.