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moyenne pas plus d’un shilling pour nourrir et vêtir sa femme, ses ses enfants et lui[1]. Dénué de concurrence pour l’achat de ses produits dans le pays, le fermier ou le planteur en trouve peu au dehors car l’avilissement de valeur de sa propre terre et de son travail a pour conséquence les mêmes effets se produisant partout ailleurs. La faculté lui est virtuellement interdite d’accumuler la richesse nécessaire pour favoriser l’accroissement de ce pouvoir de combinaison si indispensable pour entretenir une concurrence avec les pays qui sont avancés, pour Tachât des matières premières et pour la vente des utilités achevées. Telle est la difficulté qui doit exister partout, quelles que soient les conditions favorables qu’un pays tienne de la nature. À cela cependant, s’ajoutent les monopoles aujourd’hui établis partout par le moyen de brevets nationaux et de patentes, — assurant aux sociétés l’usage exclusif des améliorations inventées[2]. Et comme par-dessus le tout vient le pouvoir prodigieux qu’exercent les trafiquants combinés, il est impossible on le comprend aisément, que la concurrence pour l’achat du travail puisse s’élever dans un pays quelconque où la population ne s’unit pas dans le but de se protéger elle-même contre une centralisation qui, comme nous l’avons dit, « permet à quelques très-gros capitalistes de triompher de toute concurrence étrangère. » — les grands capitaux devenant ainsi « des instruments de guerre

  1. Voici le modeste budget des dépenses, par jour, d’un ouvrier rural en Angleterre :
    Loyer 1 sh. 6 d.
    Thé 0 6
    Lard 0 5
    Pain 5 0
    Soude, savon, etc.   0 5
    Combustible 0 8
    --- ---
    8 0

    Ici c’est 10 cents par semaine pour viande, 16 cents par semaine pour combustible, 1 dollar et 20 cents pour pain, pour une famille. Cependant la condition de ces pauvres gens est confortable comparée à celle de milliers de tisserands qui n’ont qu’un bien faible salaire, quand l’ouvrage va, et l’ouvrage est souvent sans aller. Elle est confortable comparée à celle des centaines et des milliers d’individus qui peuplent les caves, ou occupent les rues et les allées de Londres et de Liverpool, de Manchester et de Glasgow ; tous faisant concurrence pour la vente du travail, et laissant l’acheteur fixer le prix.

  2. Les lois de patentes de la Grande-Bretagne, ont été récemment étendues aux 100 millions d’habitants de l’Indoustan.