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signifiante de ces mêmes matières, sons forme d’utilités manufacturées[1].

Comment sont-ils employés ? Pour la réponse, nous nous adressons à M. Cobden, qui faisait remarquer à ses lecteurs, il y a quelques années, avant qu’éclatât la guerre de Crimée, que, depuis 1835, l’Angleterre avait toujours été armant davantage, a Le chiffre de l’armée d’alors, dit-il, était de 140.846 hommes ; à la date de sa lettre, il s’était élevé à 272.481 hommes, et cela indépendamment de l’armée de l’Inde, dont le chiffre était de 289.529 hommes, — le tout réuni donnant 562.010 hommes. Durant cette guerre, le chiffre s’est encore élevé ; puis sont venues la guerre de l’Inde et celles de Chine et de Perse, qui ont porté les choses encore plus loin[2]. »

Le libre échange devait, nous assurait-on, apporter avec lui l’ère de la paix universelle ; et pourtant nous semblons en être plus loin que jamais. Les armées anglaises, et cela en temps de paix, sont sur un pied plus considérable que jamais, et les guerres sont plus fréquentes. Depuis le jour où M, Cobden écrivait ceci, la guerre n’a presque point cessé de sévir, tour à tour, dans l’Afghanistan et dans le Scinde, le Burmah et le Punjab, la Chine et l’Afrique, la Syrie et la Russie. La paix avec la Russie a été suivie d’une guerre avec la Perse, à laquelle a succédé une seconde guerre avec la Chine, ayant pour objet d’ouvrir un marché au drap et au fer, et une nouvelle extension du négoce[3].

Partout dans l’histoire, nous voyons le trafiquant et le soldat marcher de compagnie. La raison dans le passé, et elle sera la même dans l’avenir, est facile à saisir. Plus grandit le pouvoir du trafiquant, plus s’accroît le laps de temps qui s’écoule entre la pro-

  1. Voyez précéd., vol. II, p. 89.
  2. Cobden : Letters on 1793 and 1853.
  3. Voici les raisons données par le plus important des journaux anglais pour commencer une guerre qui, probablement, coûterait à une population inoffensive des centaines de mille d’existences, et des centaines de millions de sa propriété. On y verra un exemple de la moralité, de la centralisation trafiquantes.
      « L’esprit d’entreprise de l’Angleterre est venu en contact avec la fabrique isolée de la société chinoise. Les mesquins détails pour éclaircir si cet acte est légal ou conforme à la justice sont oubliés. Dans le régulier et inévitable développement du monde, il était nécessaire qu’à une certaine époque, une nation maritime, comme la nation anglaise, se mit forcément en rapport avec une race faible et stationnaire, comme la race chinoise, qui facilite un riche territoire ouvert à notre commerce. » London Times.