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le foyer de plusieurs familles ; enfin le foyer général de plusieurs communautés. Dans le premier chacun trouve sa principale source de bonheur ; — dans le second les moyens d’augmenter ce bonheur par la combinaison avec ses voisins pour l’entretien de chemins à son usage et au leur, — pour l’entretien d’écoles à l’usage de ses enfants, d’une bibliothèque à son usage, d’une église fréquentée par sa famille. Dans le troisième, il combine avec des voisins plus éloignés pour l’entretien de grandes routes dont il use parfois et pour le règlement d’affaires générales qui le préoccupent en certaines occasions ; tandis qu’il a dans le règlement de celles de sa communauté un intérêt à chaque heure du jour, et dans celles de sa propre maison un intérêt qui ne cesse ni jour ni nuit.

Les lois générales n’empêchent pas que la législation locale reste intacte, celle de chacun des corps plus petits conservant son identité tout entière que rend plus parfaite la combinaison avec les législations voisines. L’union de toutes ajoute au pouvoir de chacune pour le maintien de cette sécurité parfaite de la personne et de la propriété, qui est si essentielle pour que la richesse et la force augmentent et pour que la culture s’étende sur les sols plus riches. Chacune, ayant son propre gouvernement pour régler les matières qui concernent ses membres particuliers, se soumet aux règles générales qui déterminent les rapports entre ces mêmes membres et ceux des communautés avec lesquelles il y a association. À mesure que la base de chacune s’élargit, la culture s’applique de plus en plus aux sols plus riches ; et à chaque pas dans cette direction, leurs relations deviennent de plus en plus intimes en même temps que l’habitude de l’union s’accroît et que s’accroît la puissance et que se développe l’individualité. Chacune maintenant a ses églises particulières et ses écoles. Chacune a le producteur et le consommateur établis l’un près de l’autre. Chacune a ses routes et ses ponts. Chacune a ses tribunaux locaux pour juger les affaires parmi sa population. Comme le mécanisme est simple, les frais sont peu de chose — ceux qui veillent aux affaires de la communauté le font dans les instants de loisir que leur laisse leur profession spéciale, et ils désirent perdre peu de temps. Avec le temps, vingt, trente, cinquante ou cent communautés — naguère disséminés sur le territoire et séparées par de vastes forêts, des cours d’eau profonds et rapides, des collines ou des montagnes, se trou-